Bernhard Erdl, directeur général, développeur en chef et fondateur de la société PULS, parle aux représentants de la presse à propos du futur de la connectivité des alimentations électriques et de l’importance d'accompagner les clients dans les processus de numérisation. Un sujet de plus est la croissance économique mondiale de PULS en temps de pénurie alarmante des composants et de sanctions dounières des États-Unis.
M. Erdl, quelles technologies d'alimentation électrique seront selon vous essentielles dans les années à venir ?
Bernhard Erdl : Du point de vue du consommateur, l’utilisation de l’alimentation électrique comme source d'information représente selon moi un grand potentiel. Elle représente l’interface entre les courants AC et DC, autrement dit entre le monde extérieur et l’intérieur d'une installation. Des données fiables de grande qualité sur l’état actuel d'un système peuvent y être obtenues.
De nos jours, quasiment tous les composants de l'armoire de commande ont été numérisés et fournissent des données. Ne voyez-vous pas un risque de surenchère des données ?
Il est important que ces données soient centralisées et que l’utilisateur sache ce qu’il peut en faire. Les informations fournies par notre nouveau QT40 avec une interface IO-Link peuvent être utilisées par le client, par exemple pour optimiser son système, procéder à une maintenance préventive et finalement économiser de l’argent. C’est une valeur ajoutée très concrète que nous offrons.
Comment développez-vous des alimentations électriques connectées ?
Nous développons nos alimentations électriques connectables et nos services numériques en coordination étroite avec nos clients en utilisant de nombreuses approches différentes du design thinking, comme le prototypage. Si les utilisateurs sont impliqués dès le début, nous recevons un feedback appréciable et nous créons des solutions pour leur épargner beaucoup de travail. La connectivité est importante, mais elle doit également être « simple » pour l’utilisateur. Frost & Sullivan nous a déjà octroyé cette année le prix Manufacturing Leadership Award 2018 pour cette stratégie axée sur l’utilisateur.
Quelles autres évolutions technologiques sont selon vous pertinents ?
Une autre tendance que nous observons est la hausse de la demande énergétique dans toutes les industries. Des solutions d'alimentation électrique efficaces pour des charges haute puissance de l’ordre du kilowatt sont de plus en plus recherchées. C’est certainement un marché avec un grand potentiel dans lequel nous allons nous investir de plus en plus.
Pouvez-vous nous donner un exemple ?
Dans un projet spécifique adapté au client, nous avons récemment développé une solution modulaire et économique de 32 kW. Quatre alimentations électriques de 8 kW fonctionnent en parallèle. En raison de la haute efficacité allant jusqu’à 96 % et de la conception thermique sophistiquée, l’ensemble du système est toujours complètement refroidi par convection. Cet exemple montre assez bien qu’il faut toujours garder à l’esprit l’optimisation des caractéristiques clés d’une alimentation électrique, c'est-à-dire : l’efficacité, la durée de vie, la fiabilité et le design compact. Toute nouvelle caractéristique ne vaut rien si ces caractéristiques clés sont compromises.
Quel rôle l’équipe de développement de Vienne que PULS a repris d’Artesyn en 2017 joue-t-elle actuellement ?
Vu les antécédents d’Artesyn, ces 30 développeurs apportent énormément de connaissances et d’expérience dans l’industrie des télécommunications. À l’ère de l’Industrie 4.0, cela nous aide par exemple avec les interfaces de communication susmentionnées. De plus, PULS acquiert de toutes nouvelles capacités étant donné que l’équipe de développement est passée d’un seul coup de 70 à 100 développeurs expérimentés. Nos clients bénéficieront bien évidemment aussi de ces plus grandes compétences et capacités.
Quels autres projets avez-vous pour l’entreprise de Vienne ?
Notre bureau de Vienne n’est pas vraiment un site au sens classique du terme. Nous le qualifions de bureau d'innovation parce que nous testons de nouveaux concepts et de nouvelles techniques en cours de développement. Les approches qui fonctionnent bien seront adoptées dans le monde entier. Par conséquent, nous gagnons en flexibilité et en vitesse en tant que société. Tout cela présente une véritable dynamique de start-up que nous voudrions maintenir.
L'industrie électronique fait face dans le monde entier à la pénurie continue des composants. Cela influence-t-il la disponibilité des produits PULS ?
Jusqu’ici, la disponibilité de nos produits et notre performance de livraison n'ont pas été affectées. Nous avons approvisionné de grands entrepôts pour les composants et l’équipement dont bénéficient aujourd'hui nos clients. En juillet 2018, notre taux moyen de livraison était de 99,8 %. À l’heure actuelle, nos clients sont bien fournis dans le monde entier. Néanmoins, je ne pense pas que la pénurie de composants s'améliorera à court terme.
Comment voyez-vous les choses à long terme ?
Notre stratégie repose sur une prise de décision rapide et une gestion mondiale de la chaîne d'approvisionnement. Nos usines en République Tchèque et en Chine travaillent en étroite collaboration et s'alignent très bien. Nous mettons également l’accent sur un réseau de coopération international avec nos fournisseurs. Cela implique également de qualifier régulièrement de nouveaux partenaires.
Vous venez de mentionner l’usine de PULS en Chine. Comment gérez-vous l’augmentation des droits compensatoires punitifs aux États-Unis ?
Cette tendance a déjà émergé et nous avons pris les mesures appropriées. Les sanctions douanières s'appliquent exclusivement à nos produits fabriqués en Chine et devant être importés aux États-Unis. C’est la raison pour laquelle nous avons encore augmenté nos capacités en Europe. Notre stratégie d'amélioration simultanée de nos usines en République Tchèque et en Chine s’avère aujourd'hui une réussite. Cela permet aux équipes de se soutenir les unes les autres et de gérer ce type de problématique. Avec l’acquisition d’Etasyn, nous disposons même d’un troisième site de production entièrement équipé en Allemagne.
Les droits compensatoires punitifs impliquent-t-il des ajustements de prix aux États-Unis ?
Nous faisons notre maximum, malgré tout nous ne pouvons pas y arriver sans des augmentations de prix correspondantes aux États-Unis. Toute cette problématique est un défi logistique qui pompe beaucoup de nos ressources.
Pouvez-vous nous donner une idée de la future croissance potentielle de PULS en Chine ?
Le marché chinois continue d’être crucial pour notre croissance. Cette année, nos ventes en Chine ont augmenté de plus de 20 %. Ce pays se concentre de plus en plus sur une technologie high-tech, que ce soit dans le secteur des particuliers ou dans les applications industrielles. Par conséquent, notre portefeuille de produits touche précisément des secteurs en plein boom et nous continuerons de renforcer nos activités.
Prévoyez-vous d'autres développements en Asie ?
Début 2019, nous allons créer notre propre filiale au Japon afin de pouvoir proposer un support PULS local. C’est un projet très excitant. La Corée du Sud, la passerelle à l'industrie des semi-conducteurs, joue également un rôle important pour nous. Nous travaillons ici en très étroite collaboration avec un partenaire local.
Le marché japonais est connu pour être hautement compétitif. Qu'attendez-vous d'une succursale ?
L'économie japonaise est exceptionnellement forte dans le secteur du high-tech et elle comprend très bien le commerce international. Néanmoins, il est assez compliqué pour des sociétés occidentales de réussir à pénétrer ce marché. Les ingénieurs japonais scrutent tout et sont habituellement même plus pointilleux que les Allemands dans leur recherche. Notre expertise technique et notre documentation complète peuvent faire pencher la balance en notre faveur. Toutefois, il faut pour cela un soutien face à face intensif. Ces dernières années, notre équipe de Singapour s’est chargée de nos clients japonais. Entre-temps, la demande et la croissance potentielle à venir sont suffisamment élevées pour que nous ayons besoin de personnel sur place.
En quoi PULS est selon vous bien positionnée pour les années à venir ?
Je pense que nous sommes sur la bonne voie parce que nos clients et nos employés nous le confirment de manière répétée. Nous attachons beaucoup d'importance aux relations à long terme reposant sur un partenariat de confiance et nous les entretenons activement. Dernier point, mais pas des moindres, cette réussite se reflète également dans nos chiffres de vente qui sont très satisfaisants. En 2018, le groupe PULS a enregistré 166 millions d’euros de recettes. Pour finir, je connais également les nouveaux produits en cours de développement. Il y a plusieurs produits phares prévus dans les mois qui viennent. Mais je ne veux pas vous en dire plus pour le moment.
M. Erdl, merci beaucoup pour cette interview.

Bernhard Erdl
CEO, développeur en chef et fondateur
Bernhard Erdl a fondé PULS GmbH en 1980 en tant que garage à Munich. En 2018, l’entreprise est devenue une société comptant plus de 1.300 employés dans le monde entier, deux usines de production high-tech et une équipe internationale de service après-vente et de support technique.